Life style

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En perpétuelle symbiose, ils représentent les deux moitiés complémentaires d’un même rêve. D’une part, l’utopie réalisable d’une robe éternelle, construite avec l’intelligence de la maîtrise, d’autre part, la ville lumière qui ne meurt jamais. Si la haute couture est Paris, Paris est la haute couture. Si Giorgio Armani s’est dit déçu par le défilé de la haute couture française, le charme de ce costume qui exclut le prêt-à-porter de la garde-robe demeure. Et il y parvient en cousant une relation indissoluble avec la ville et ses lieux les plus habités, en entrant et en sortant de ses palais immaculés et en impliquant ces architectures qui, dans la capitale, continuent à susciter un sentiment de perplexité. Ainsi, tandis que les vêtements  certains d’entre eux  sont simplifiés dans un exercice qui tend vers la normalité, l’étonnement résiste et prend la forme d’un château, embrassant le romantisme de la Seine, citant les mains des couturiers transalpins du passé. Dans un arc à l’ombre de la Tour Eiffel qui continue à prendre l’étonnement par la main.

L’histoire de la mode : l’après-guerre

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la géographie de la mode s’est radicalement transformée et, de l’unicité de Paris comme centre rayonnant des tendances, du luxe et de l’élégance, elle s’est étendue en l’espace de deux décennies à au moins trois autres villes : Londres, New York et Milan dans les années soixante-dix.

Avant l’affirmation de Milan, qui résume et centralise les différentes capacités italiennes à faire de la mode, les fondements de la mode italienne contemporaine ont été posés à Florence et à Rome.

On peut dire que Florence et Rome constituent deux pôles complémentaires et pourtant, à bien des égards, concurrents dans la construction de l’identité de la mode italienne après la Seconde Guerre mondiale, avant la montée en puissance centralisatrice de Milan dans les années 1970.

À cette époque, la vie publique et la danse ne sont plus réservées aux classes aisées. Le boom économique et la prospérité croissante ont incité de plus en plus de personnes à s’habiller élégamment pour mener une vie mondaine. C’est à cette époque que le prêt-à-porter triomphe. À partir de 1970, les créateurs de prêt-à-porter présentent leurs collections deux fois par an, de la même manière que la haute couture, avec des défilés de mode très glamour à Paris, Milan et New York, rejoints plus tard par Londres, Tokyo et Florence.

Une autre transformation radicale dans l’habillement du « public » (nous sommes désormais dans la société de masse) a eu lieu à la fin des années 1960 avec la révolution étudiante. La libération sexuelle, la musique rock, les mouvements politiques, culturels et spirituels transforment la jeunesse en une nouvelle classe émergente, porteuse de nouveaux symboles et de vêtements révolutionnaires. La mode hippie et folklorique explose. Au premier plan, les « Blue Jeans », pantalons fabriqués à l’origine à partir d’un tissu marin ligure. On recherche des vêtements qui expriment la dissidence par rapport à la société capitaliste : des chemises indiennes et des vêtements « pauvres », éventuellement usés. Les femmes rejettent la « constriction » du soutien-gorge.

Histoire de la mode : Le corps comme vêtement à la fin du XXe siècle

La fin du XXe siècle a vu la crise conceptuelle du système de la mode tel qu’il était conçu. La passion pour les marques et leur domination ont abaissé le seuil critique et la liberté de choix des consommateurs. Mais il existe une sorte d’émulation mutuelle entre les personnalités et leur public (la rock star Madonna a déclaré qu’elle choisissait certaines tenues en copiant les banlieusardes qui allaient à ses concerts).

En même temps, la gigantesque industrie de la mode révèle aussi ses aspects négatifs cachés sous des couvertures dorées : l’exploitation de la main-d’œuvre de pays moins développés, la surproduction, l’obligation d’actualiser constamment les modèles et les tendances, la détérioration de l’environnement, la production de tissus ayant un impact élevé sur l’écosystème.

C’est ainsi que naissent les cultures du recyclage et de la réutilisation, les vêtements naturels et la récupération de technologies de production archaïques et super-durables, les stylistes qui reproposent le « vintage » récupéré. Les styles jeunes liés aux mondes de la musique et du sport triomphent. Le concept de vêtement est également étendu au corps, qui est « habillé » de tatouages et de piercings comme une robe destinée à être exposée en permanence. Toutes les adolescentes européennes portent des minijeans, tous les jeunes « portent des tatouages », et la mode ne semble plus rechercher l’individuation et la singularité, mais est utilisée comme un langage pour montrer des appartenances et des symboles partagés entre des groupes spécifiques.